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Troubles temporo-mandibulaires et douleurs posturales : comprendre et traiter globalement

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Troubles temporo-mandibulaires et douleurs posturales : comprendre et traiter globalement

Qu’entend-on par troubles temporo-mandibulaires (TTM) ?

Les TTM regroupent des douleurs et dysfonctionnements de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) et des muscles qui la commandent. Ils se manifestent classiquement par : douleur à la mastication, claquements ou crépitements articulaires, limitation ou blocage de l’ouverture buccale, fatigabilité masticatoire, et parfois céphalées. Ces signes peuvent être intermittents ou chroniques, isolés ou associés à des troubles du sommeil, du rythme respiratoire ou à des tensions cervicales. La nature multifactorielle des TTM — comprenant des causes dentaires, musculaires, articulaires, posturales et psychosociales — impose d’écarter une prise en charge unique et de rechercher systématiquement l’ensemble des facteurs contributifs.

Pourquoi la posture influence-t-elle la mâchoire ?

La mâchoire s’inscrit dans une chaîne musculo-tendineuse qui relie le crâne, le cou, les épaules et, par continuité, le tronc et les membres inférieurs. Une position de tête projetée vers l’avant, fréquente chez les travailleurs sédentaires ou les personnes sous stress, modifie la longueur et la tonicité des muscles cervicaux et masticateurs. Ces altérations de tension déplacent la position des condyles au sein de l’ATM et modifient la dynamique occlusale, provoquant douleur et usure. Inversement, une douleur ou une limitation de la mâchoire peut entraîner une modification de la posture — la personne compense par un repositionnement du rachis ou des membres pour diminuer la nociception. Ces interactions expliquent que des symptômes initiaux apparemment locaux puissent se traduire par des troubles plus larges : raideurs cervicales, douleurs dorsales, déséquilibres d’appui plantaire.

L’évaluation neuromusculaire : objectiver pour mieux traiter

L’approche neuromusculaire vise d’abord à objectiver le fonctionnement du système masticatoire dans son contexte postural. Le bilan comprend plusieurs étapes complémentaires : 

• Entretien approfondi : histoire des symptômes, habitudes (bruxisme, posture, sport), facteurs de stress et antécédents dentaires. 

• Examen clinique : inspection des usures dentaires, palpation des muscles masticateurs et cervicaux, observation des bruits articulaires et mesure de l’amplitude mandibulaire. 

• Analyses instrumentales (selon indication) : électromyographie de surface (EMG) pour mesurer l’activité musculaire au repos et en fonction, enregistrements de la trajectoire mandibulaire, et une évaluation posturale (photographies, plateforme stabilométrique si disponible). 

• Tests complémentaires : imagerie ciblée (radiographie, cone-beam, IRM) si une lésion articulaire est suspectée. Ces éléments permettent de différencier une origine essentiellement musculaire d’un problème articulaire, ou de mettre en évidence une interaction entre occlusion, posture et contrôle neuromusculaire.

Stratégies thérapeutiques intégrées

La prise en charge recommandée dans une démarche neuromusculaire est graduée et pluridisciplinaire : 1. Mesures conservatrices : éducation du patient (gestion du stress, hygiène de posture), conseils de sommeil, limitation des parafonctions.

2. Déprogrammation neuromusculaire : gouttière neuromusculaire sur mesure pour permettre aux muscles de retrouver un état de repos et au praticien d’identifier une position de référence. 

3.Rééducation et thérapies manuelles : kinésithérapie cervicale et oro-faciale, techniques myofasciales, rééducation posturale et travail respiratoire. L’ostéopathie peut compléter la démarche pour libérer les tensions structurelles. 

4.Ajustements dentaires : si nécessaire, des micro-ajustements occlusaux ou des restaurations conservatrices réalisées sur une base fonctionnelle validée par la déprogrammation. 

5.Suivi et prévention : contrôle des résultats, réadaptation progressive, implication du patient dans des exercices d’auto-prise en charge.

Collaboration interprofessionnelle : condition du succès

L’efficacité dépend souvent de la coordination entre professionnels : le dentiste traitant, le praticien occlusodontiste, le kinésithérapeute, l’ostéopathe, le podologue et, le cas échéant, l’orthophoniste ou le médecin du sport. Cette synergie permet d’aligner diagnostic et interventions (ex. séquence : déprogrammation → rééducation → ajustement prothétique), d’éviter les traitements redondants et d’assurer un suivi cohérent. Dans les équipes sportives cette collaboration s’étend au préparateur physique et au staff médical pour intégrer l’équilibre mandibulaire dans la préparation globale.

Implications pour les sportifs

Chez l’athlète, les répercussions d’un TTM non traité peuvent être discrètes mais significatives : diminution de la stabilité cervicale, perturbation du contrôle du regard, altération de la respiration en effort et fatigue prématurée. Une prise en charge neuromusculaire adaptée améliore la symétrie tonique, la gestion de la charge et la récupération. Les interventions sont pensées pour s’insérer dans le cycle d’entraînement, en visant la performance durable plutôt que des gains ponctuels.

Conclusion : traiter la cause, pas seulement le symptôme

Les troubles temporo-mandibulaires exigent une lecture globale du patient. L’approche neuromusculaire, combinée à une prise en charge interprofessionnelle, vise à restaurer l’équilibre fonctionnel entre mâchoire, tête et posture. Plutôt que des traitements isolés, c’est une stratégie coordonnée, mesurable et centrée sur la physiologie du patient qui permet d’obtenir des améliorations durables, en prévention comme en réhabilitation.

Cabinet dentaire O'Splint -
Dr Dischant Claire

81 avenue Henri Barbusse 59770 MARLY

03 27 28 58 80

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Bruxisme et stress musculaire : comprendre le lien

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Bruxisme et stress musculaire : comprendre le lien

Qu’est-ce que le bruxisme ?

Le bruxisme est un trouble fonctionnel caractérisé par le serrement ou le grincement involontaire des dents, le plus souvent pendant le sommeil. Il concerne environ 10 % de la population adulte, selon le Journal of Oral Rehabilitation (2019), et se manifeste aussi chez l’enfant et l’adolescent. Longtemps perçu comme un tic ou une mauvaise habitude, il est aujourd’hui reconnu comme un déséquilibre neuromusculaire, où les muscles masticateurs, les articulations temporomandibulaires (ATM) et la posture corporelle perdent leur synchronisation naturelle.

Cette hyperactivité musculaire — principalement des masséters, des temporaux et des muscles cervicaux — provoque fatigue, douleurs et usure prématurée des dents. Le bruxisme est donc à la fois un symptôme et une conséquence : il reflète une surcharge du système neuromusculaire et du système nerveux central.

Le stress, catalyseur de déséquilibre

Le stress joue un rôle déterminant dans l’apparition et l’entretien du bruxisme. En situation de tension, le système nerveux sympathique s’active, provoquant une hypertonie musculaire. Certains serrent les poings, d’autres la mâchoire. Chez les personnes sensibles ou déjà déséquilibrées sur le plan occlusal, cette contraction devient chronique. Ce phénomène est amplifié par la respiration haute et rapide liée au stress, qui favorise la crispation de la zone cervico-faciale. Mais le stress n’est pas la cause unique : il agit comme un facteur aggravant d’un terrain déjà perturbé. Une occlusion dentaire déséquilibrée, une posture altérée ou une respiration dysfonctionnelle peuvent rendre le système vulnérable. Le stress ne fait alors qu’exprimer ce déséquilibre latent.

L’approche neuromusculaire : rétablir la coordination

L’approche neuromusculaire ne vise pas à “corriger” le bruxisme, mais à réharmoniser les fonctions musculaires et posturales. Grâce à une analyse fine du tonus musculaire, de la trajectoire mandibulaire et des appuis corporels, le praticien identifie la position mandibulaire physiologique, celle où les muscles sont détendus et fonctionnent sans conflit articulaire. La gouttière neuromusculaire, souvent utilisée en première intention, permet de “déprogrammer” les contractions parasites et de redonner un repère au système nerveux. Contrairement à une simple protection nocturne, elle agit comme un outil de reprogrammation fonctionnelle : elle aide le patient à retrouver un équilibre musculaire durable. Dans certains cas, une stimulation électromyographique (EMG) ou un TENS de déprogrammation peut être employé pour relâcher les muscles et retrouver un état de repos objectif. Ces techniques permettent d’observer la réponse musculaire en temps réel et d’adapter la stratégie thérapeutique.

Les conséquences posturales du bruxisme

Le bruxisme ne se limite pas à la sphère bucco-dentaire. La mâchoire étant étroitement liée à la posture par les chaînes musculaires antérieures et postérieures, une contraction excessive des muscles masticateurs peut entraîner : • des tensions cervicales et des raideurs dans les trapèzes, • des maux de tête temporaux ou occipitaux, • une altération de l’équilibre postural global, • voire une modification de la respiration et de la coordination scapulaire.Ainsi, un bruxisme chronique peut influencer la stabilité globale du corps, comme une pièce désalignée dans une mécanique complexe. Restaurer la fluidité mandibulaire, c’est aussi permettre au corps de retrouver une cohérence de mouvement.

L’importance du travail en équipe

Le traitement du bruxisme s’inscrit rarement dans une seule discipline. L’efficacité repose sur la collaboration entre plusieurs professionnels : • le dentiste traitant, pour vérifier l’intégrité dentaire et les restaurations, • le kinésithérapeute, pour détendre et rééduquer les chaînes musculaires, • l’ostéopathe, pour restaurer la mobilité articulaire et tissulaire, • le podologue, pour corriger les déséquilibres d’appui qui influencent la posture crânienne, • et parfois un orthophoniste, lorsque la déglutition ou la respiration participent aux tensions. Ce travail collectif garantit une prise en charge cohérente et durable, visant la cause et non le symptôme.

Bruxisme et performance sportive

Chez les sportifs, les épisodes de bruxisme sont fréquents, souvent liés au stress de la compétition, à la charge mentale ou à la recherche de puissance. La mâchoire étant un stabilisateur central, toute crispation excessive peut limiter la fluidité du geste, la respiration et la coordination. Une occlusion déséquilibrée ou un désalignement mandibulaire modifient subtilement la position de la tête, du bassin et des appuis, avec des répercussions sur la performance. Dans le cadre d’une préparation sportive, le suivi neuromusculaire permet d’améliorer la symétrie et la posture générale. Chez les sportifs, la correction occlusale et la détente mandibulaire contribuent à une meilleure réactivité, récupération et stabilité dynamique.

Prévenir et gérer le bruxisme au quotidien

Outre les traitements spécifiques, quelques habitudes simples aident à limiter les effets du bruxisme : • Prendre conscience du serrement diurne et relâcher la mâchoire régulièrement. • Éviter les postures prolongées tête en avant, typiques du travail sur écran. • Privilégier une respiration nasale et abdominale pour réduire la tension cervicale. • Réduire la caféine et l’alcool, qui accentuent l’activité musculaire nocturne.• Consulter un praticien formé à l’approche neuromusculaire pour un diagnostic précis.

Conclusion

Le bruxisme est un langage corporel : il exprime à la fois un stress émotionnel et un déséquilibre mécanique. L’approche neuromusculaire permet de comprendre ce langage en considérant le patient dans sa globalité — dents, muscles, posture, respiration et émotions. En redonnant à la mâchoire sa position naturelle, elle apaise les tensions, préserve les dents et améliore le confort quotidien. C’est une approche scientifique, humaine et interdisciplinaire, au service d’un équilibre durable.

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