pexels-mart-production-7699410

Troubles temporo-mandibulaires et douleurs posturales : comprendre et traiter globalement

Qu’entend-on par troubles temporo-mandibulaires (TTM) ?

Les TTM regroupent des douleurs et dysfonctionnements de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) et des muscles qui la commandent. Ils se manifestent classiquement par : douleur à la mastication, claquements ou crépitements articulaires, limitation ou blocage de l’ouverture buccale, fatigabilité masticatoire, et parfois céphalées. Ces signes peuvent être intermittents ou chroniques, isolés ou associés à des troubles du sommeil, du rythme respiratoire ou à des tensions cervicales. La nature multifactorielle des TTM — comprenant des causes dentaires, musculaires, articulaires, posturales et psychosociales — impose d’écarter une prise en charge unique et de rechercher systématiquement l’ensemble des facteurs contributifs.

Pourquoi la posture influence-t-elle la mâchoire ?

La mâchoire s’inscrit dans une chaîne musculo-tendineuse qui relie le crâne, le cou, les épaules et, par continuité, le tronc et les membres inférieurs. Une position de tête projetée vers l’avant, fréquente chez les travailleurs sédentaires ou les personnes sous stress, modifie la longueur et la tonicité des muscles cervicaux et masticateurs. Ces altérations de tension déplacent la position des condyles au sein de l’ATM et modifient la dynamique occlusale, provoquant douleur et usure. Inversement, une douleur ou une limitation de la mâchoire peut entraîner une modification de la posture — la personne compense par un repositionnement du rachis ou des membres pour diminuer la nociception. Ces interactions expliquent que des symptômes initiaux apparemment locaux puissent se traduire par des troubles plus larges : raideurs cervicales, douleurs dorsales, déséquilibres d’appui plantaire.

L’évaluation neuromusculaire : objectiver pour mieux traiter

L’approche neuromusculaire vise d’abord à objectiver le fonctionnement du système masticatoire dans son contexte postural. Le bilan comprend plusieurs étapes complémentaires : 

• Entretien approfondi : histoire des symptômes, habitudes (bruxisme, posture, sport), facteurs de stress et antécédents dentaires. 

• Examen clinique : inspection des usures dentaires, palpation des muscles masticateurs et cervicaux, observation des bruits articulaires et mesure de l’amplitude mandibulaire. 

• Analyses instrumentales (selon indication) : électromyographie de surface (EMG) pour mesurer l’activité musculaire au repos et en fonction, enregistrements de la trajectoire mandibulaire, et une évaluation posturale (photographies, plateforme stabilométrique si disponible). 

• Tests complémentaires : imagerie ciblée (radiographie, cone-beam, IRM) si une lésion articulaire est suspectée. Ces éléments permettent de différencier une origine essentiellement musculaire d’un problème articulaire, ou de mettre en évidence une interaction entre occlusion, posture et contrôle neuromusculaire.

Stratégies thérapeutiques intégrées

La prise en charge recommandée dans une démarche neuromusculaire est graduée et pluridisciplinaire : 1. Mesures conservatrices : éducation du patient (gestion du stress, hygiène de posture), conseils de sommeil, limitation des parafonctions.

2. Déprogrammation neuromusculaire : gouttière neuromusculaire sur mesure pour permettre aux muscles de retrouver un état de repos et au praticien d’identifier une position de référence. 

3.Rééducation et thérapies manuelles : kinésithérapie cervicale et oro-faciale, techniques myofasciales, rééducation posturale et travail respiratoire. L’ostéopathie peut compléter la démarche pour libérer les tensions structurelles. 

4.Ajustements dentaires : si nécessaire, des micro-ajustements occlusaux ou des restaurations conservatrices réalisées sur une base fonctionnelle validée par la déprogrammation. 

5.Suivi et prévention : contrôle des résultats, réadaptation progressive, implication du patient dans des exercices d’auto-prise en charge.

Collaboration interprofessionnelle : condition du succès

L’efficacité dépend souvent de la coordination entre professionnels : le dentiste traitant, le praticien occlusodontiste, le kinésithérapeute, l’ostéopathe, le podologue et, le cas échéant, l’orthophoniste ou le médecin du sport. Cette synergie permet d’aligner diagnostic et interventions (ex. séquence : déprogrammation → rééducation → ajustement prothétique), d’éviter les traitements redondants et d’assurer un suivi cohérent. Dans les équipes sportives cette collaboration s’étend au préparateur physique et au staff médical pour intégrer l’équilibre mandibulaire dans la préparation globale.

Implications pour les sportifs

Chez l’athlète, les répercussions d’un TTM non traité peuvent être discrètes mais significatives : diminution de la stabilité cervicale, perturbation du contrôle du regard, altération de la respiration en effort et fatigue prématurée. Une prise en charge neuromusculaire adaptée améliore la symétrie tonique, la gestion de la charge et la récupération. Les interventions sont pensées pour s’insérer dans le cycle d’entraînement, en visant la performance durable plutôt que des gains ponctuels.

Conclusion : traiter la cause, pas seulement le symptôme

Les troubles temporo-mandibulaires exigent une lecture globale du patient. L’approche neuromusculaire, combinée à une prise en charge interprofessionnelle, vise à restaurer l’équilibre fonctionnel entre mâchoire, tête et posture. Plutôt que des traitements isolés, c’est une stratégie coordonnée, mesurable et centrée sur la physiologie du patient qui permet d’obtenir des améliorations durables, en prévention comme en réhabilitation.

Cabinet dentaire O'Splint -
Dr Dischant Claire

81 avenue Henri Barbusse 59770 MARLY

03 27 28 58 80

dr.dischant.claire@gmail.com

Nos réseaux sociaux :

Mentions légales – Politique de confidentialité – Politique de cookies – Termes et conditions